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vendredi 28 août 2009

L'été de mes 11 ans

Cet été là, je venais de terminer ma 5e année du primaire à Lennoxville. On venait de déménagé, encore, à Fleurimont où j'allais, encore, changer d'école. Et puis, j'en ai eu assez. J'ai voulu aller vivre chez mon père à Rock Forest. Il m'avait inscrite à l'école Beaulieu. Tant qu'à changer, aussi bien changer pour qq chose que j'avais choisi! Comme il travaillait tout l'été à l'Université, je passais mes journées chez ma grand-mère à jouer avec mes amies de la rue Lisieux.

Cet été là, les cigales chantaient tous les jours. C'était l'été de Guns n'roses et Metallica, et au Québec on entendait que Marie Carmen avec son Aigle noir. On avait des patchs fluo dans nos jeans et on allait s'acheter des jujubes à 5 cents au dépanneur dans un sac brun. Karine et moi, on sortait avec les jumeaux Vallières qui vivaient sur la rue. Une semaine, on sortait avec un et l'autre semaine avec l'autre. C'est ça l'amitié! Ma grand-mère me faisait des crêpes, de la poutine maison ou de la pizza maison, tous les midis, et quand mon père rentrait de travailler, on lui faisait accroire que j'avais manger qq chose de ''santé''...avec la complicité de ma grand-mère qui me faisait un clin d'oeil. Il arrivait parfois qu'il nous surprenait dans nos manigances et venait dîner avec nous...et était alors témoin de notre petit manège! Cet été là, je regardais mon grand-père giguer au son de la musique folklorique qui jouait dans le petit radio-cassette que ma grand-mère avait sur le comptoir et je ricanais en le voyant écouter deux parties de baseball différentes dans deux pièces différentes. C'était du pur bonheur cet été là.

Et puis tout a basculé. La blonde de mon père l'avait quitté.Mon père a recommencer a traîner dans les bars le soir après le travail et ne pas rentrer, nous forçant à aller le chercher aux petites heures du matin en auto avec mes grands-parents. Plus le temps passait, plus il s'enfonçait. Il changeait de bar pour ne pas qu'on le retrouve. On devait prendre le bottin et appeler dans tous les bars pour le trouver. Et il était de plus en plus résistant quand il nous voyait rentrer dans le bar. Si bien, qu'au milieu de l'été, je devais prendre un taxi de chez mes grands-parents, seule, et entrer dans le bar, seule. Parce que moi il m'écoutait. Et du haut de mes 11 ans, je devais endurer ses délires d'ivrogne tout le chemin faisant. Des nuits comme ça, on en a passé.

Tout a basculé en qq semaines. Et un soir, un vendredi,il faisait noir, il devait être dans les 9h. J'étais assise dans la balançoire avec une petite voisine car on m'avait demander de sortir de la maison. Il ventait. Le ciel était étoilé. Les frères et soeurs de mon père étaient tous chez ma grand-mère pour le convoquer...essayer de le résonner je suppose. Et puis mon père est sorti de la maison, soul, et est parti en auto. Ma tante et moi l'avons suivi une dizaine de minutes après lui. Quand on est arrivé chez lui, il avait déjà commis l'irréparable. C'est à cet instant que ma vie a basculé. Tout a basculé.

Ce soir là, j'ai appris la souffrance et la détresse. J'ai vécu l'immense tristesse et le profond désespoir. Mais j'ai compris aussi ce que je voulais être. Ce que je voulais vivre. VIVRE. Je voulais vivre, moi. Du haut de mes 11 ans, j'ai su dès cet instant ce que je voulais être comme personne. Une force insoupçonnée est née en moi pour ne jamais plus me quitter. Et cette force a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Peut-être pourrais-je le pardonner totalement un jour.

Mais une chose est sûre, l'été de mes 11 ans, je ne l'oublierai jamais.

1 commentaires:

Karine a dit…

Je me souviens aussi de tout ça ma belle... Chaque mois d'août je pense fort à toi... Il y a déjà plus de 17 ans maintenant mais c'est comme si c'était hier. Et je comprends que ta peine soit toujours là et l'incompréhensioon aussi. Gros câlins pour toi! xxx